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Le meilleur des mondes- Aldous Huxley : une société totalitaire.

  • Ly(s)
  • 27 déc. 2021
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 5 janv. 2022

Le Meilleur des mondes est un livre d’Aldous Huxley qui est paru en 1932. Ce livre présente un régime qualifié d’utopique où l’ordre et le bonheur règne. Or, après lecture du livre il apparait évident que la société fictive qu’ Huxley met en place est plutôt digne d’un régime totalitaire.

En effet, cette société est structurée autour de la société de consommation, qui est ici poussée à son absolu, en témoigne le nouveau dieu : Notre Ford remplace Jésus Christ. Se basant sur le Fordisme, cette société s’oriente nécessairement dès son origine vers la massification et la consommation. Le bonheur est un bonheur artificiel provoqué par la consommation de soma une drogue légale qui permet au gouvernement d’apaiser toutes les velléités révolutionnaires ou les troubles sociaux. De la même manière, les naissances sont dans cette société, extra-utérine, personne n’a de père ni de mère : tous les êtres appartiennent à la nation. Les désirs ne doivent être réprimés sous aucune condition, mais ne doivent pas mener ni à l’attachement ni à la reproduction. On perçoit donc que cette société totalitaire a pour telos si l’on reprend un terme de Platon, l’ordre et qu’elle le maintient à travers des procédés d’abrutissement, de normativisation et d’artificialisation : le gouvernement privilégie la liberté sexuelle pour annihiler les revendications politiques, les lectures sont interdites, les relations des êtres à eux-mêmes et avec les autres sont simplifiées au maximum pour éviter toutes remises en question et tout esprit critique. La propagande est très présente comme en témoigne la citation : « 62 400 répétitions font une vérité ». La drogue ainsi que l’importance de la consommation de biens permettent de s’échapper de la réalité tout en évitant les contestations. Aussi, le procédé Bokanovsky décrit dans le livre permet la manipulation génétique afin de créer des individus identiques pour créer des groupes uniformes ce qui constitue le socle de l’eugénisme, que l’on a pu observer dans l’idéologie nazi par exemple peu après la publication du livre.

Ceci nous amène au deuxième point important qui est la hiérarchisation de cette société à travers des classes inamovibles, qui entretiennent l’idée que chaque être a sa place déterminée dans la société mais surtout qu’il ne voudrait en changer car les groupes sont montés les uns contre les autres et ceux depuis la naissance à travers le principe d’hypnopédie : la répétition sans arrêt de « mantra » durant l’enfance pendant le sommeil. Mais en principe, cette répétition incessante est aussi présente tout au long du quotidien des citoyens, et elle vient « enseigner » la manière dont doivent penser chaque classe. Les classes ne communiquent quasiment pas entre elle, à part les deux classes les plus élevées « alpha et beta », et elles sont associés à des couleurs, ce qui cause par exemple le dégout du vert, couleur des Epsilon, par le personnage de Lenina une beta plus : ce détail nous montre qu’en passant par des procédés de rejet minimes, le système entretient l’idée que chacun est mieux là où il est qu’à la place d’un autre. Chaque classe est dédiée à un corps de métiers et à un niveau de « physique » allant du métier manuel pour la classe la plus basse au travail intelligent et à la beauté pour les beta et alpha.

Seul le personnage de Bernard, un alpha, dénote dans ce système, il est le seul qui réfléchit, qui a une vision critique sur l’Etat mondial : il remet en cause la société dans laquelle il vit, il sort du lot tant physiquement que mentalement. Mais, cela lui vaut d’être rejeté et considéré comme étrange par ses congénères : on suspecte une erreur, voir une injection d’alcool dans le sang. Ce personnage représente donc l’enjeu d’une société totalitaire dans laquelle la « normalité » devient le normatif : l’absence de recul est entretenu, les pensées sont encadrées. L’opposition est contenue par un parti unique qui enseigne la bien pensance dès la naissance et par une drogue qui instrumentalise le bonheur comme facteur d’ordre. Huxley a parfaitement décrit les dangers et craintes à avoir face la montée des nationalismes qui pointaient le bout de leur nez à son époque, mais son texte reste toujours d’actualité pour enjoindre le tout à chacun à ne pas rester sur ses acquis, à ne pas déserter le champ de la politique, comme l’ont dénoncé des philosophes comme Tocqueville et Arendt, afin que liberté ne rime jamais avec artificialité.



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